L’orfèvrerie médiévale à l’épreuve de la modélisation numérique

Coordinateurs :

Marc Gil,  Université de Lille-Institut de Recherches historiques du Septentrion (IRHIS) UMR-CNRS

Pierre Hallot, Université de Liège, Centre européen d’archéométrie (CEA), Documentation Interprétation et Valorisation du Patrimoine et de l’Architecture (DIVA)

Résumé : 

Notre projet est né des réflexions menées par C. Descatoire, conservatrice en chef au musée de Cluny, et M. Gil (université Lille3-IRHiS), avec deux autres spécialistes de l’orfèvrerie, P. George (Trésor de Liège), et F. Tixier (Université de Lorraine), à l’occasion de l’exposition, Une renaissance. L’art entre Flandre et Champagne 1150-1250, que C. Descatoire et M. Gil avaient organisée au musée de Cluny, à Paris, et au musée de l’Hôtel Sandelin à Saint-Omer, au printemps 2013. Un constat avait été fait : l’orfèvrerie septentrionale des XIIe-XIIIe siècles avait produit de grands chefs d’œuvre, dont certains, témoins insignes du talent des orfèvres du Nord, étaient conservés dans les Haut-de-France. Pourtant, contrairement à l’orfèvrerie méridionale médiévale, bien connue du grand public grâce aux émaux limousins, celle des régions nord ne l’était vraiment que des spécialistes, et n’avait jamais bénéficié de l’établissement d’un corpus international en ligne, à la différence des émaux méridionaux ou, dans un autre domaine, des ivoires gothiques (http://www.gothicivories.courtauld.ac.uk).

Ce projet, d’histoire de l’art et des techniques, a donc pour objet d’étude l’orfèvrerie septentrionale des XIIe-XIIIe siècles, avec un axe majeur consacré à la modélisation (3D) et à la restitution en réalité augmentée des objets, deux apports essentiels pour une meilleure compréhension des techniques d’assemblage et, associées aux analyses physico-chimiques, des techniques de fabrication des objets et de leurs matériaux. Les informations ainsi recueillies viendront nourrir une base de données, consultable en ligne, où seront associées données informatives et analytiques aux modèles 3D des éléments étudiés. Par ailleurs, le projet permettra de mieux faire connaitre ces œuvres par le biais d’une exposition virtuelle, commentée sur les aspects techniques de fabrication.

 

Equipe de recherche :

Universités-laboratoires Nom Prénom  Fonction Discipline
Institut de Recherches Historiques du Septentrion-Université de Lille – pôle SHS Gil Marc Maître de conférences Histoire de l'art du Moyen Âge
Centre Européen d’Archéométrie, Unité de Géomatique/DIVA - Université de Liège Hallot Pierre Maître de conférences

Archéométrie : Documentation Interprétation et Valorisation du Patrimoine et de l’Architecture

Centre de recherche universitaire lorrain d’Histoire (CRULH) – Université de Lorraine-Pôle de Nancy Tixier Frédéric Maîte de conférences Histoire de l'art du Moyen Âge
Autres institutions Nom Prénom Fonction Domaine d'activité
Palais des Beaux-Arts de Lille Barragué-Zouita Laetitia Conservatrice du patrimoine, en charge du département d’art médiéval et de la Renaissance et des objets d’art  Histoire de l’art - Patrimoine
Musée de Cluny-musée national du Moyen Âge (Paris) Descatoire Christine Conservatrice en chef, en charge des collections d’orfèvrerie, spécialiste des émaux ; chercheuse associée à l’IRHiS  Histoire de l’art - Patrimoine
Trésor de la cathédrale de Liège George Philippe

Conservateur du Trésor de la cathédrale de Liège

Histoire/histoire de l’art, spécialiste de l’orfèvrerie mosane et de la dévotion médiévale.
Musée de l’hôtel Sandelin, Saint-Omer Saffré Romain Directeur des musées de Saint-Omer, conservateur du patrimoine Histoire de l’art - Patrimoine
         

 

Les partenaires institutionnels :

Instituts de Recherches historiques du Septentrion -UdL

Université de Liège - Département d'Architecture - Art, archéologie et patrimoine 

Centre de Recherche Universitaire Lorrain d'Histoire - Université de Lorraine - Nancy

Palais des Beaux-arts de Lille/Ville de Lille

Musée de Cluny - Musée national du Moyen Âge, Paris

Musée de l'Hôtel Sandelin/Ville de Saint-Omer

Trésor de la cathédrale Saint-Paul de Liège

Maison Européenne des Sciences de l'Homme et de la Société -LIlle 

Plateforme de recherche IrDIVE

Les objets d'étude :

Dans le cadre de l’appel à projet CPER MAuVE, et les deux années du programme, il ne s’agit bien évidemment pas de vouloir explorer la totalité des pièces d’orfèvrerie septentrionales déjà repérées, mais, dans un souci d’efficacité, de tester la méthode et les techniques d’acquisition des images en se focalisant sur deux œuvres uniques, conservées au musée de l’Hôtel Sandelin à Saint-Omer : le Pied de croix de l’abbaye Saint-Bertin (v. 1170-1180) et la croix-reliquaire de la Vraie Croix, provenant de l’abbaye de Clairmarais (v. 1210-1220). 

Pourquoi le choix de ces deux objets ?

Richesse, raffinement et expressivité sont les maîtres-mots qui caractérisent ces "objets", qui dégagent un grand potentiel d’émotion. Ce sont des pièces exceptionnelles à maints égards, aussi bien éclairant sur les mentalités religieuses, la dévotion et les thèmes iconographiques de prédilection des objets liturgiques, que, surtout, représentatives de l'habileté des orfèvres-émailleurs des régions septentrionales au tournant du XIIe et du XIIIe siècle, et emblématiques du monde médiéval, notamment par leur iconographie. 

Richesse et éclat des matériaux : dorure (argent doré, cuivre doré), pierres précieuses, émaux ; couleurs des émaux et des gemmes.

Prouesse technique : variété et raffinement des techniques. Un éventail représentatif des techniques des orfèvres-émailleurs médiévaux.

Le pied de croix de Saint-Bertin présente une association harmonieuse des parties en deux dimensions (émaux) et en trois dimensions (figures en ronde-bosse), avec des couleurs d’une puissante vivacité et des émaux offrant une réelle verve narrative. Les figures en ronde-bosse sont d’une grande expressivité, notamment les statuettes des évangélistes rédigeant leur évangile, figures dynamiques et personnalisées, toutes différentes les unes des autres.

http://www.patrimoines-saint-omer.fr/Les-musees-et-oeuvres/Musee-de-l-ho...

La croix de Clairmarais impressionne par ses grandes dimensions, la richesse de ses matériaux et l'éventail de ses techniques, le contraste entre l'avers très coloré et non figuré, et le revers figuré et presque monochrome. Qualité exceptionnelle des figures gravées du revers et du réseau de filigranes de l'avers.

http://www.patrimoines-saint-omer.fr/Les-musees-et-oeuvres/Musee-de-l-hotel-Sandelin/Parcours-Art-medieval/Salle-d-art-medieval/La-Croix-reliquaire-de-Clairmarais

Au-delà de leur qualité d’exécution exceptionnelle, ces deux œuvres concentrent de nombreux critères d’ordre à la fois historiques, artistiques et techniques. Le Pied de croix est un chef d’œuvre de l’orfèvrerie médiévale du nord de la France et le seul exemple conservé en France d’un pied de croix orfévré et émaillé de la fin du XIIesiècle (celui, célèbre, de l’abbaye royale de Saint-Denis a été fondu à la Révolution et n’est plus connu que par une longue description qu’en a donnée son commanditaire l’abbé Suger). La Croix de Clairmarais, de grandes dimensions (classée MH), est conservée au musée Sandelin, mais appartient en réalité à la Confrérie Notre-Dame-des-Miracles de Saint-Omer. Son étude et sa numérisation sont donc un enjeu patrimonial de conservation de l’œuvre puisqu’elle possède toujours un caractère liturgique et peut encore aujourd’hui être usitée lors des processions de la confrérie. Surtout, ces deux objets, très complexes dans leur mode de fabrication, concentrent toutes les difficultés que l’on peut rencontrer lors de la numérisation par photogrammétrie ou par lasergrammétrie : dimensions, figures en ronde-bosse associées à des émaux et à des frises en relief ou ajourées, pierres précieuses, perles, verroterie, filigranes, nielle, argent et cuivre doré etc. La complexité géométrique, associée à des matériaux réfléchissant ou déviant les rayons lumineux (phénomènes de réflectance), rend la mise en œuvre des méthodologies classiques d’exploitation photo ou laser inefficace ; d’autres méthodes de mise en œuvre sont à imaginer. 

 

Manifestations scientifiques (participations):

Université de Lausanne, 11-12 octobre 2018; Rencontre des doctorants I: Moyen-Age 2.0 Reconstitutions numériques et histoire de l’art : recherche et communication

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